“Oh, London is a man’s town, there’s power in the air;
And Paris is a woman’s town, with flowers in her hair;
And it’s sweet to dream in Venice, and it’s great to study Rome;
But when it comes to living there is no place like home.”*
Mon frère se souvient d’un garçon dans sa pension dans les années 70 qui, à l’âge de 8 ans, dès que ses parents
l’avaient déposé pour retourner à l’école, se mettait à courir pour tenter de s’échapper. A cette époque, il faisait
moins bon vivre en internat britannique, c’était même habituel de s’y sentir malheureux ou d’avoir le mal du pays
(comprendre ‘mal de la maison’). Comme il était rare de pouvoir trouver réconfort sur place, les jeunes avaient le
choix entre serrer les dents ou tenter de fuir.
Heureusement, les choses ont changé. Etre en manque de famille existe toujours, bien sûr, et les premières
semaines peuvent rester pleines de larmes pour certains. Mais en général, les premiers jours sont si remplis, si
occupés – en salle de classe et en extérieur – aussi à se faire de nouveaux amis, que les élèves ne trouvent plus le
temps de s’ennuyer et de réaliser qu’ils sont loin de la maison. Savoir profiter de toutes les possibilités offertes par
l’école est un facteur clé pour se sentir intégré dans l’école, pour se sentir dans un nouveau ‘chez soi’.
Une grande variété d’activités extra-scolaires permet aux enfants de rester très occupés pendant les premières
semaines ainsi que les week-ends. Et c’est une vraie amélioration par rapport à mon époque où nous n’avions le
choix qu’entre deux activités : 1) regarder « ne tirez pas sur l’oiseau moqueur » sur grand écran dans l’accueil de
l’école ou 2) s’arrêter pour acheter des frites après avoir vu une pièce de théâtre dans une bourgade locale (je ne
me souviens plus du nom des pièces, mais uniquement du goût des frites). Je m’en souviens car c’était bien les
seules possibilités qui me furent offertes sur 4 années de scolarité. J’ai passé mes week-ends à manger des
bonbons et autres sucreries, qui certes m’ont aidée à gérer mon blues sur le moment, mais sans plus.
Bien sûr – je le sais d’expérience – il est courant que les parents aussi, ressentent une forme de tristesse au trou
béant que laisse leur enfant parti de la maison. Ce qui soulève la question : les parents doivent-ils rester en contact
avec leur enfant et à quelle fréquence ? Sans doute un peu plus qu’un appel par trimestre sur le téléphone du
directeur (souvenirs ! souvenirs !), sans doute un peu moins qu’une session quotidienne sur Skype. Une famille,
dont le fils de 10 ans vient d’arriver en boarding school, s’est vue recommander par le préfet de ne pas appeler la
première semaine : une façon polie de dire ‘ laissez-nous faire notre travail et donnez-lui le temps de s’habituer’.
Soyez rassurés: à la manœuvre aujourd’hui ne sont que des équipes agréables, qualifiées, capables d’écouter les
enfants, en classe comme après les cours. Celles-ci comprennent le ou la responsable de maison, son adjoint(e),
un tuteur, une intendante, une infirmière, la plupart du temps un aumônier ainsi que d’autres membres vers
lesquels les enfants peuvent se tourner à tout moment. Il n’est plus besoin de mettre ses larmes en bouteille, ni de
les partager avec sa peluche ou son oreiller le soir à la nuit tombée.
*Henry Van Dyke, 1909